-XVII-

« Mon fils chéri,

« Je suis bien triste de ne pouvoir venir, mon médecin me le défend absolument. Et pourtant, je crois que ma présence te serait nécessaire. Ta lettre ne m'étonne pas, mais elle m'inquiète. Je t'assure, renvoie cette garde. Sa présence n'est pas bonne chez toi. Je ne peux t'en dire plus par lettre, mais écoute ta vieille mère. Il est des êtres dont la présence est néfaste à l'amour, cette Mademoiselle Perceron en est un.

« Pense aussi que ta femme peut prendre ombrage de ces promenades. Elle a tort, sans doute. Mais n'oublie pas qu'elle est affaiblie par une longue maladie. Il est normal que ses nerfs « prennent le dessus ». Sois très patient avec elle ; épargne lui toute cause de soucis.

« Je suis peinée d'avoir à te dire tout cela ainsi, par lettre. Il faudrait une longue conversation, un soir, avec mon petit garçon assis à mes pieds. Pourtant, il est nécessaire que tu éloignes Mademoiselle Perceron. Je t'assure que sa présence est dangereuse pour ton foyer. Crois-moi sur parole, puisque je ne puis t'expliquer. Quand je reviendrai, je te dirai tout.

« Je vais mieux. D'ici huit jours, je serai sur pied. Aussitôt je me précipiterai vers La Roche. J'ai trop besoin de voir mon Joël, - et aussi mon grand Gérard, dont je voudrais tant qu'il soit pleinement heureux.

« Embrasse ta femme et ton fils, mon fils chéri, je t'aime très fort.

Dorothée S. »

Gérard lisait la lettre de sa mère, appuyé au mur dans un coin de son atelier. Il ne comprenait décidément pas qu'elle en voulut tant à Gisèle. Pourquoi cette antipathie si vive, et réciproque d'ailleurs. Un point l'inquiétait dans la lettre de Dorothée : l'allusion au fait que Marie pouvait prendre ombrage d'une amitié entre Gisèle et lui.